Les sources d’eaux chaudes

Les sources d’eaux chaudes

Les Pyrénées comptent de nombreuses villes thermales et sources d’eaux chaudes. En effet, les profondeurs du  massif sont le lieu de frictions dans l’écorce terrestre qui sont à l’origine des eaux chaudes.L’eau qui s’infiltre entre les roches granitiques, s’enfonce à 5 km de profondeur et se charge, au passage, de souffre, de nombreux minéraux et de gaz bénéfiques pour la santé. Ce processus est une affaire de temps long : il faut 13000 ans pour que l’eau de surface atteigne cette profondeur. Lors de sa descente, l’eau qui s’est réchauffée de 3 degrés tous les 100 m  atteint la température de 130 degrés. Ainsi, l’eau ou la neige remplie de gaz (et donc moins dense), remonte en quelques heures à la surface, via une faille, à une température de 75,7 degrés Celsius.

 

 

 

 

 

 

 

Les bains de Saint Thomas ont été exploités à partir de 1870 en tant qu’établissement thermal. En 1993, la mairie de Fontpédrouse décide de créer un centre thermoludique. Le succès est immédiat. L’eau qui jaillit des profondeurs à une température de 58 degrés, doit être refroidie. Elle est bicarbonatée, riche en fluor, en silice et en oligo-éléments. Un plancton thermal spécifique est réputé pour son action antalgique, décontractante, antiallergique et cicatrisante.

Henri Salvayre, hydrogéologue, réalise depuis 30 ans les sondages et les captages des bains de Dorres et de Llo.

Les Bains de Llo ont une eau avec une teneur élevée en sulfates et on note la présence de lythium. Elle est utilisée dans le cadre de la relaxation et du bien-être, et non dans un but thérapeutique. L’eau est quand même bénéfique en cas de problèmes de peau, d’asthme et pour la récupération musculaire.

INSTITUT DE BEAUTE : LES BAINS DE LLO - Forme et beauté - Llo ...
Les Bains de Llo

Les sources des Escaldes sont connues depuis l’époque romaine (voir article sur la présence des romains en Cerdagne). Les Bains de Dorres étaient utilisés pour laver le linge, les peaux ou la laine des moutons. En 1991, la mairie décide de créer des bains. Ils sont réputés pour la qualité de leurs eaux et les vertus adoucissantes et relaxantes.

Bains romains - Dorres66
Cuve ancienne des Bains de Dorre
Bain de Dorres - Avis de voyageurs sur Bains Romains de Dorres ...
Partie moderne des Bains de Dorre

Le pin à crochets, un arbre endogène des montagnes des Pyrénées Orientales

Le pin à crochets, un arbre endogène des montagnes des Pyrénées-Orientales

Le pin à crochets est appelé ainsi car la base des écailles de ses cônes est recourbée.

Photo Creative Commons

Il est présent dans les montagnes des Pyrénées Orientales depuis bien avant l’ère glaciaire et il a survécu à celle ci.

En 1937, Henri Gaussen notait dans son étude sur les résineux des Pyrénées françaises :

Aux altitudes élevées, le Pin sylvestre est relayé par un autre Pin qui se mélange volontiers à lui entre 1.600 et 1.800 m. et qui monte au-dessus de 2.000 m. A l’état isolé et parfois en forêts, il atteint 2.500 m. Des pieds existent à 2.600 et des exceptions à 2.700. C’est le Pin de montagne des Pyrénées que Ramond a appelé Pin à crochets (P. uncinata). C’est l’arbre des ciels lumineux de la haute montagne. Son feuillage trapu et sombre, son tronc gris et non rougeâtre, ses cônes luisants et non mats à écailles recourbées en crochet permettent de le distinguer du Pin sylvestre. Il forme les hautes forêts du Canigou et de la Cerdagne, Font-Romeu ne connaît guère que cette essence qui dépasse les Bouillouses et ceinture le Capcir […]

Cet arbre doit être cher au pyrénéen car, nulle part, il n’est aussi beau qu’aux Pyrénées.

Henri Gaussen,  « Les résineux des Pyrénées françaises », Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, tome 8,fascicule 2, 1937, p. 196 et p. 198.

Son écorce est grise, ses aiguilles vert foncé, attachées par deux. Sa hauteur est comprise entre 10 et 25 mètres. Plus on monte en altitude, plus il est petit et « rabougri » pour supporter les fortes amplitudes thermiques et le vent violent.

Il peut vivre jusqu’à 2000 ans et croît de 1500 m à 2700 mètres (étage subalpin) parmi la lande et les rhododendrons. Une fois mort, il se momifie et continue à rester intact.

Photo Creative Commons

On peut dire qu’il est spécifique des montagnes des Pyrénées Orientales car le département concentre à lui seul plus de la moitié de sa surface de distribution dans le monde.

Il pousse sur les sols acides et dans les zones humides (eaux stagnantes ou mouillères et tourbières). Il croît en peuplement pur, là où les autres espèces d’altitude sont absentes. Depuis, d’autres essences ont été plantées : sapins, pins sylvestres, mélèzes, feuillus, bouleaux, épicéas etc…

Le pin à crochets ou pin de montagne est particulièrement bien adapté à son environnement : il peut pousser sur des pentes abruptes, dans les minces fissures d’un rocher, sur des falaises, dans le roc et des éboulis. Il aime le soleil et peut aussi bien résister à la sécheresse, qu’au froid et au vent.

Il nourrit les oiseaux comme le Grand Tétras, les pinsons et les mésanges huppées (surtout l’hiver quand la végétation est rare); les rongeurs (écureuils roux, loirs et lérots); les mulots et les campagnols; le pic épeiche qui y creuse sa loge et le bec croisé des sapins.

L’homme utilise sa résine pour confectionner la poix et des torches, et le bois pour se chauffer, pour fabriquer des charpentes et en menuiserie. Dans le département, on s’en sert aussi pour fabriquer des palettes et du bois aggloméré. On l’utilise également pour le reboisement (car c’est une essence très prolifique, chaque arbre produisant trois millions de graines) et pour lutter contre l’érosion et maintenir les sols.

Avec le réchauffement climatique, il est malheureusement attaqué par les chenilles processionnaires qui montent de plus en plus en altitude.

Le Carlit

Le Carlit

Le pic Carlit est le pic emblématique de la Cerdagne et du Capcir. Son ascension n’est pas très difficile mais demande un peu de technique pour les derniers 300 m. Il est très fréquenté.

Le pic Carlit (ou Puig Carlit en Catalan) est un sommet granitique des Pyrénées françaises situé dans le massif du Carlit. C’est le point culminant du département des Pyrénées Orientales avec une altitude de 2 921 mètres. Le Carlit est aussi le point culminant de l’ancienne région Languedoc-Roussillon.

Le climat sous-océanique froid apporte de nombreuses perturbations (d’ouest à sud-ouest) et un enneigement hivernal durable au-dessus de 2 000 mètres de novembre à avril.

Le fleuve Têt prend sa source sur le pic, en faisant la principale réserve d’eau du département. La zone est placée sous la protection Natura 2000.

Le pic Carlit ainsi que le pic du Canigou possèdent le record du monde de distance de vision en ligne droite avec 447 kilomètres.

Source wikipedia

Histoire

La première ascension de ce sommet a été réalisée par le pyrénéiste Henry Russell en 1864. Henry Russell, né en 1834 à Toulouse et mort en 1909 à Biarritz, est un pyrénéiste franco-britannique. C’est un des pionniers de la conquête des Pyrénées. Il est surtout connu pour ses ascensions du Vignemale où il monte pour la première fois le 14 septembre 1861 avec le guide Laurent Passet.

Lors de sa venue en Cerdagne, il est fasciné par sa vision de l’Estany de Lanos. Dans son ouvrage où il décrit des aventures de montagne, il écrit : « Le pic Carlitte est, grâce à son isolement et à son altitude, un des plus beaux sommets des Pyrénées. »

Légende

À la fin du xixe siècle début du xxe siècle, des légendes dues à l’imagination populaire mettent en scène le diable dans la région mais surtout dans les montagnes. Pour le Carlit, voici une croyance rapportée par Marcailhou d’Aymeric au bulletin de la Société de géographie de Toulouse le 7 avril 1913 sous le titre À travers les sommets d’Ax-les-Termes à Thuez : « Satan excursionnant de par le monde, franchissant les monts de ses ailes puissantes, calcula mal son vol et tomba si malencontreusement qu’il s’empala sur la dent d’Orlu. Se dégageant, avec effort, mais tout saignant de sa blessure, il arriva sur le Carlitte où il trouva un superbe miroir, oublié là par Vénus en bonne fortune. Furieux de s’y voir si laid, il le prit et le lança vers le ciel. Le miroir retomba brisé en dix-huit morceaux. Ces débris formèrent les dix-huit lacs du massif, reflet de la beauté des grâces de la reine des amours. Et le manche du miroir, planté en terre, se développa, s’affina, s’effila, et devint le sanctuaire de la Vierge de Saint Romeu ».

 L’origine du nom « Carlit » :

Bien que l’on trouve déjà mentionnée dans le cartulaire de Sant Cugat une personne nommée Guillem de Cardid au XIème siècle, la première écriture du nom du massif se retrouve en 1175 avec l’appellation de Cardid dans une charte de concession de pacages dans le massif réalisée par un dénommé Petrus Domenova en faveur de l’abbaye cistercienne de Santes Creus, en Catalogne3. Du xiie au xive siècle, les noms utilisés sont Cardid et Cardit

Selon les époques le nom change, on retrouve ainsi en 1845 le nom de Carlit, et en 1850 l’écriture bien plus souvent employée durant cette période de Carlitte. La forme Carlitte semble être une transposition française de la prononciation catalane, plus proche de Cardid, première forme attestée par les chartes médiévales.

Son nom est issu du massif dans lequel il se trouve.

En effet, le nom de Carlit est constitué de la racine pré-indo-européenne kar, désignant la pierre, et que l’on retrouve notamment dans une soixantaine de toponymes des Pyrénées-Orientales, souvent sous la forme quer. Elle est suivie d’un premier suffixe ancien, -d, auquel s’est ajouté le diminutif latin -ittum. Le nom pourrait donc avoir le sens de pierrailles ou éboulis et pourrait désigner aussi bien les ensembles d’éboulis du versant ouest que le plateau pierreux que l’on trouve au sud en direction de l’église saint Martin d’Envalls et qui porte le nom de Ras de Carlit, lui-même traversé par un cours d’eau, le rec de Carlit.

Hydrologie :

D’un point de vue hydrologique, le Carlit est le réservoir d’eau des Pyrénées avec, dans son massif, plusieurs lacs et étangs mais surtout le fleuve Têt, principal cours d’eau des Pyrénées-Orientales d’une longueur de 100 kilomètres qui prend sa source sur le versant septentrional. Les principales étendues d’eau en contrebas du pic sont :

  • l’étang de Vive ou estany del Vivier (2 137 mètres d’altitude sur 3 ha) ;
  • l’étang Noir ou estany Negre (2 140 mètres d’altitude sur 4 ha) ;
  • le lac de la Comasse ou estany de la comassa (2 160 mètres d’altitude sur 4 ha) ;
  • l’étang du Llat ou estany Llat (2 174 mètres d’altitude sur 10 ha) ;
  • l’étang des Dougnes ou estany de les Dugues (2 230 mètres d’altitude sur 3,8 ha) ;
  • le lac du Casteilla ou estany de Castella (2 280 mètres d’altitude sur 5 ha) ;
  • l’étang de Soubirans ou estany de Sobirans (2 320 mètres d’altitude sur 3 ha) ;
  • l’étang de Balleuil ou estany del Vallel (2 500 mètres d’altitude sur 2,3 ha)
Lacs du Carlit. Photo : CC

Géologie

Les roches métamorphiques de l’ère primaire (dépôts marins concentrés sur 250 millions d’années) se retrouvent au Carlit. En effet, le pic Carlit est composé de roches de types granites dans la vallée et de schistes (transformation des argiles) au sommet.

L’ère quaternaire finit de former le massif et le pic grâce à l’alternance de périodes froides et tempérées. Ainsi la période glaciaire profile le paysage actuellement visible qui donne sa forme au sommet du Carlit, et dans la vallée du Capcir.

Climat

Le climat sous-océanique froid s’étend de l’Ossau au pic Carlit. Avec ce climat, le pic Carlit est très exposé aux perturbations. La neige au-delà de 2 000 mètres d’altitude s’établit de façon générale en novembre pour commencer à disparaître au mois d’avril.

Faune

Avec ses lacs et ses étangs, une grande variété de poissons est présente. L’on y recense entre autres les truites fario et arc-en-ciel. Chaque année des alevinages sont réalisés pour soutenir la reproduction. La pêche est soumise à régulation. L’Inventaire National du Patrimoine Naturel a recensé entre autres en septembre 2016 la présence des espèces suivantes :

  • Desman des Pyrénées ;
  • Rhinolophus hipposideros (une espèce de chauve-souris)
  • Cottus Gobio (espèce de poisson)
  • Isards
  • Gypaètes barbus (vautours)

Voies d’accès :

L’ascension est possible même à des randonneurs peu expérimentés. Elle s’effectue :

  • par l’est à partir du lac des Bouillouses (6h30 aller retour), qui permet de découvrir un ensemble d’étangs qui s’échelonnent en paliers ; dernière partie nécessitant de mettre un peu « les mains » (à éviter quand il y a de la neige ou avec un bon équipement).
  • ou par l’ouest à partir de l’étang de Lanoux qui dessert la face Nord qui est la plus difficile. De ce côté, il faut compter 300 mètres de dénivelé dans les éboulis dans la partie finale, sans difficulté majeure à part la pente et le terrain instable. La partie finale demande cependant l’utilisation des mains car le terrain n’est pas si facile même pour un randonneur aguerri.

L’arboretum de Font-Romeu

L’arboretum de Font-Romeu

Remerciements à Monsieur Bruno ROBERT, responsable O.N.F. Font-Romeu, pour ses précieux conseils.

La forêt originelle de pins à crochets est attaquée par un champignon parasite appelé « l’armillaire couleur de miel ». Des versants entiers de la montagne sont décimés. Il faut donc trouver des arbres résistants à ce « ravageur ».

En 1925, les Eaux et Forêts ont mis en œuvre la plantation de 13 espèces d’arbre (en foresterie, on dit essence) pour reconstituer la forêt de la Calme. Ce sont donc 133 000 plants qui ont été mis en terre. Mais très peu de plants ont survécu  à cause de la morphologie du sol (sol acide et très peu profond), du climat rude et de la pratique intensive du pâturage.

C’est ainsi qu’on décida de créer un « champ d’expérience » où seraient plantées de nombreuses essences afin de tester leur aptitude à résister aux conditions locales. Ce type d’équipement porte le nom « d’arboretum d’élimination » : on ne fait que constater la mort ou la survie des éléments introduits en vue de leur implantation ultérieure.

Ce champ d’expérience se situe entre le refuge de Farneils et Pyrénées 2000, dans un enclos au sein de la forêt domaniale de Font-Romeu gérée par l’ONF. Il s’agit d’un arboretum, crée en 1938, sur une superficie de 8,5 ha, exposé au nord-Est, sur un sol granitique. Il se situe à une altitude comprise entre 1800 et 1850 mètres.

Son altitude élevée lui confère peut-être le titre de plus haut arboretum de France, voire d’Europe.

Entre 1951 et 1977, 3000 plants de 33 espèces résineuse furent installés dans des placeaux répertoriés. Ce bel ordonnancement d’origine a été quelque peu perturbé par l’invasion de semis naturels de pins à crochets et d’épicéas.

Les échecs ont été nombreux (pauvreté du sol, gelées…). Malgré tout, on peut dire que l’arboretum est une réussite en ce qui concerne : les épicéas d’Engelmann et les mélèzes, ainsi que les sapins nobles. On trouve une très belle collection d’arbres, dont certains très rares en Europe.

Ainsi, on y dénombre à ce jour un peu moins d’une trentaine d’essences résineuses ainsi que quelques feuillus autochtones (saules, aulnes, sorbiers et deux érables).

Ont aussi été plantés des , du Japon, des épicéas communs, des épinettes noires, des épicéas du Japon, d’Orient, des épicéas bleus; différents types de pins : pins Contorta ou de Murray (originaires de l’Ouest de l’Amérique du Nord, de l’Alaska au Mexique), des pins « Peuce » (originaires des Balkans) et des pins Ponderosa (l’arbre du Far-West).

Enfin, différentes plantes sont aussi présentes : de la vératre, des grandes gentianes, de l’aconet nipel, du « gispet », de la molinée, du bois-joli, des églantiers et des genévriers.

A ce jour, on peut donc déterminer quelles essences d’arbres sont les mieux adaptées en vue de leur introduction.

L’arboretum nous fait prendre conscience de notre patrimoine naturel et de sa fragilité, en plus de constituer un très beau parcours de randonnée et le refuge de nombreuses espèces animales (cerfs, chevreuils, biches, oiseaux…).

Un jour peut-être sera implanté au sein de cet arboretum un équipement d’accueil destiné au grand public.

Le lac des Bouillouses

Le lac des Bouillouses

  • altitude : 2016 mètres.
  • capacité : 19 000 000 de mètres cube
  • superficie : 149 ha
  • volume  :540 000 mètres cubes

Ce cliché réalisé sur plaque de verre par le géographe Emmanuel de Martonne, montre le lac vu de début de la vallée du Galbe :

Source Médihal, archives ouvertes

Le barrage en maçonnerie a été construit entre 1903 et 1910, dans une zone marécageuse du fleuve « La Têt » appelée « La Grande Bouillouse ».

L’aménagement de ce lac visait à réguler le débit de la Têt et à fournir de l’électricité pour le fonctionnement du Train Jaune, grâce à des centrales hydroélectriques situées  quelques kilomètres en aval et alimentées par des conduites forcées.

Selon Georges Jorré, auteur d’une étude parue en 1934 dans la evue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest :

Ce lac moribond, à demi asséché, a été ressuscité, voire agrandi par un barrage construit entre 1906 et 1910 qui lui donna une surface de 150 hectares et une capacité utilisable de 13.000.000 m3. On l’emploie de juillet à avril, et il est normalement vidé quand commence la fonte des neiges. Son écoulement est libre (800 litres par seconde au maximum). L’eau va actionner les centrales de Lacassagne et de Fontpédrouse, et concourt à ce titre à créer l’énergie nécessaire à la traction des chemins de fer électriques des Pyrénées orientales : c’est en pensant au chemin de fer de Cerdagne que la Cie du Midi construisit le barrage. Toutefois, après avoir alimenté lesdites usines, les débits prélevés sur le réservoir s’en vont dans les canaux
d’irrigation (p. 25-26).

— Jorré, Georges. « L’Aménagement hydroélectrique des lacs pyrénéens français ». In: Revue géographique des Pyrénées et du
Sud-Ouest, tome 5, fascicule 1, 1934. pp. 5-28.

Le Pic Carlit, 2921 m. Source : Creative Commons

Le 20 juillet 1903 marque le début des travaux de la route d’accès au futur chantier des Bouillouses. Il a ainsi été fixé le 7 juillet que c’est à cet endroit que sera construit le barrage qui alimentera la ligne du Train Jaune en électricité.

Au mois de septembre 1904, 3 entrepreneurs travaillent à la réalisation de la route des Bouillouses. Les travaux seront toutefois stoppés à l’arrivée de l’hiver et du froid pour reprendre au mois de mai. La route sera finalement achevée le 11 juillet 1904, une petite année seulement après le début des travaux.

Longue de 15 kilomètres, la route des Bouillouses permettra de ravitailler les ouvriers qui travailleront sur la construction du barrage d’alimentation de la ligne.

Après l’ouverture du Grand Hôtel, à l’été 1920, le lac des Bouillouses est un site d’excursion privilégié. En janvier, 1927, cet extrait du Bulletin officiel de l’Automobile-Club de France vante les promenades en canot automobile sur le lac et la qualité des truites :

Bulletin de l’ACF, 1/1/27

Le lac et ses abords sont classés site naturel depuis le 24 juin 1976.

C’est un haut lieu pour la randonnée pédestre et pour la pêche. C’est aussi la porte d’accès vers les chapelets de lacs d’altitude du massif du Carlit et les nombreux pics culminant à près de 3000 m.
Voir aussi sur ce site les détails sur l’histoire du refuge des Bouillouses (ici)

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Le Christ-Roi de Font-Romeu

Le Christ-Roi de Font-Romeu

L’église de Font-Romeu, située en contrebas du Grand Hôtel, porte le vocable du Christ-Roi. Devant, s’élève une sculpture cruciforme monumentale du même nom.

  • Hauteur de la statue : 5 mètres
  • Largeur : 4,5 mètres
  • Hauteur torale (socle compris) : 7,30 mètres

Voici, en quelques mots, l’histoire de cette sculpture et sa signification.

Chaque dernier week-end de novembre, les catholiques célèbrent la fête du Christ-Roi. Marquant la fin de l’année liturgique avant le temps de l’Avent, cette solennité célèbre Jésus le « Christ-Roi de l’Univers ». La fête du Christ-Roi étant liée au retour du Christ, elle est porteuse d’une espérance phénoménale.

Dans les années 1950, un riche industriel barcelonais du nom de Doncel séjourne en vacances à Font-Romeu, où il possède une résidence secondaire. Il est également  propriétaire du Castel Negro (aujourd’hui démoli) qui se dresse alors sur un terrain proche de l’église. Monsieur Doncel fait don d’une partie de sa propriété à la communauté chrétienne pour la construction d’un sanctuaire. Faute de moyens, on y aménage d’abord une simple crypte, sur laquelle viendra s’élever l’église actuelle.

La statue du Christ-Roi manifeste également la générosité de Doncel. Ce dernier a fait appel  au sculpteur catalan, Emili Colom, pour sculpter dans un bloc de marbre de Carrare une réplique du célèbre Cristo Redentor, œuvre  sculptée dans les années 20 par Paul  Landowski ,qui domine la baie de Rio de Janeiro.

28 ans après le couronnement de la « Morenette » ou Vierge de Font-Romeu (les 4-5 août 1926, le monument est inaugurée le 31 octobre 1954 . Il sera consacrée le 3 juillet 1955 en présence d’une foule transfrontalière et de nombreux représentants du clergé et des pouvoirs publics.

Le visage de la statue est inspiré du visage de celui du Saint-Suaire de Turin.

La taille de la sculpture est de 8 mètres. il a fallu à Emili Colom et à ses cinq assistants quatre mois et demi pour achever l’œuvre.

Plus d’informations sur le style de la statue et l’architecture de l’église attenante dans cette rubrique.

Pour consulter la presse de l’époque et avoir des informations supplémentaires sur l’oeuvre d’Emili Colom, voir ici.

Eglise Saint Martin, Odeillo

Eglise Saint-Martin, Odeillo

L’église d’Odeillo, antérieure au village, est dédiée à Saint-Martin. Elle fut vraisemblablement construite au XIIe siècle, dans le style roman. Son clocher carré s’élève au nord-est.

L’église conserve de l’époque romane un beau portail sculpté (XIIè siècle) s’ouvrant à l’ouest, orné de deux colonnettes en granit surmontées de chapiteaux, ainsi qu’une porte ornée de belles ferrures à motifs spiralés.

Devant la porte se trouve toujours une grille en fer couvrant une cavité qui était destinée à empêcher les animaux de pénétrer dans l’église. Le dispositif porte le nom évocateur de « trenca cames » en catalan  (autrement dit, « brise-jambes »).

Creative Commons

A l’intérieur de l’église, on admirera le retable (1816) retraçant la vie de Saint-Martin et les deux très belles vierges en bois polychromes : la Vierge d’Odeillo et (du 8 septembre au dimanche de la Trinité), Notre-Dame de Font-Romeu (qui se trouve le reste de l’année dans la chapelle de l’Ermitage : voir article dédié sur ce site).

Vierge d’Odeillo, premier quart du XIIIè siècle, bois (peuplier) polychrome, 61 x 30 x 22 cm
La statue est classée au titre des Monuments Historiques par arrêté du 14 novembre 1907.

La porte, avec ses vantaux et pentures est classée au titre des Monuments Historiques par arrêté du 19 novembre 1910

Eglise Sainte Colombe, Via

Eglise Sainte-Colombe, Via

Cet édifice, dont ta construction de rectangulaire en granit remonte au XIIème siècle, a subi de nombreuses réfections.

Eglise Sainte-Colombe de Via. Source : Creative Commons

La partie romane ne concerne que le mur de la travée occidentale.

Ce mur est surmonté d’un mur-clocher à baie unique. Sa voussure en plein cintre est appareillée à trois rouleaux. Le second repose sur des colonnettes   à chapiteaux sculptés de personnages. L’arc extérieur est décoré de demi-boules.

Au-dessus du portail, on pourra remarquer une tête aplatie sur sa partie supérieure. Cet éléments servait probablement de corbeau ou de console.

Détail du portail. Source : Creative Commons

L’église figure sur la liste des Monuments Historiques par arrêté du 17 septembre 1964.

Le Calvaire de Font-Romeu et les oratoires de Font-Romeu et Odeillo

Le Calvaire de Font-Romeu et les oratoires de Font-Romeu et Odeillo

Le Calvaire de Font-Romeu :

Se dressant majestueusement sur l’une des collines boisées qui surplombe Font-Romeu, au-dessus du col qui porte son nom, à 1800 mètres d’altitude, le Calvaire est le lieu idéal d’où jouir d’un panorama à 360 degrés sur la Cerdagne.

La vue s’étend sur la plaine de Cerdagne et sur les pics de la chaîne des Pyrénées :

  • côté sud et d’est en ouest : du Canigou à la Sierra Del Cadi
  • côté ouest et nord : du Col Rouge au Pic Carlit

Un peu en contrebas s’élève la chapelle de l’Ermitage.

Les oratoires

On trouve ces édicules le long du chemin emprunté par la procession de la Vierge lors de la Despedida du 8 septembre et du Pujar du dimanche de la Trinité.

  • près du chemin qui démarre au nord-est de l’église Saint-Martin d’Odeillo
  • sur le Chemin de la Vierge, dans la forêt
  • dans la clairière où on célèbre la messe de l’Aplec du 8 septembre (lire ici)
  • au carrefour du Grand Hôtel
Oratoire
Oratoire , à l’ouest de l’estrade où est célébrée la messe du 8 septembre. Crédits photo : Martial Garcia

L’Ermitage

L’Ermitage

Entre Histoire et légende

En 1001, le comte de Cerdagne, Guilfred, fonde le Monastère de Saint Martin, qu’il dota en 1007 de toutes les possessions d’Odeillo. Pour développer le culte marial, les moines du monastère créèrent de nombreuses statues à l’effigie de la Vierge, qu’ils éparpillèrent un peu partout dans leur territoire. Au début du XIIe siècle, en raison des pillages, nombre de ces statues ont vraisemblablement été cachées.

De là naît la légende de l’invention et de la Vierge de Font-Romeu (aussi appelée « Moreneta »).

Selon cette légende, un bouvier remarqua un jour qu’un taureau s’était détaché de son troupeau et creusait le sol près d’une fontaine, en poussant de forts beuglements. Il s’approcha alors de l’animal et découvrit dans le sol une statue de la Vierge :

A l’annonce de cette découverte, « La communauté d’Odeillo se rendit sans retard sur les lieux en procession et trouva, près de la fontaine, prosternés devant la statue de Notre-Dame, le taureau dont la providence s’était servi pour signaler son existence et le bouvier, qui, par son pieux labeur, l’avait tirée de l’obscurité et rendue aux hommages des cœurs chrétiens ».

Source : Abbé Emile Rous, Histoire de Notre-Dame de Font-Romeu, Société Saint-Augustin, Desclée de Brouwer et Cie, Lille, 1890.

La statue

  • Datée du XIIIè siècle, elle est en noyer doré.
  • Dimensions : H = 69,5 ; la = 39 ; pr = 17

La Vierge bénit de la main droite. De la main gauche, elle tient l’Enfant Jésus qui est assis sur son genou gauche et bénit de la main droite.

La Statue dite Notre-Dame-de-Font-Romeu ou Madone de l’Invention est classée sur la liste des Monuments Historiques au titre d’objet (1928/06/05). Source : base de données Palissy.

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Photo : Association des Amis de la Chapelle de l’Ermitage de Font-Romeu

De l’oratoire à la chapelle

Le lieu de culte de cette Vierge dotée de pouvoirs miraculeux n’est, jusqu’au XVIIè siècle, qu’un simple oratoire où les foules accomplissent leurs dévotions en plein air.  Vers 1680, l’affluence des pèlerins conduit au projet d’agrandir le sanctuaire. En 1685, l’édifice a les proportions qu’on lui connaît aujourd’hui. En 1686, on lui ajoute deux chapelles latérales et une sacristie. Puis en 1741, l’édifice est consolidé par l’ajout de lourds contreforts.

Ermitage de Font-Romeu, vue de la chapelle. Creative Commons

Ce n’est qu’en 1712 qu’on bâtit une « petite chambre » dédiée à la Vierge, le camaril. En 1733, on construisit un bâtiment abritant la piscine. Jusqu’en 1939, les voitures passaient au milieu de la cour de l’édifice, date à laquelle cette route fut déviée à l’extérieur de l’Ermitage.

Ermitage de Font-Romeu
Vue de l’Ermitage, vers 1818. Crédits : Institut du Grenat

Le camaril

Petit salon de style baroque de 4 m x 4m surmonté d’un plafond semi-sphérique et d’un lanterneau octogonal aveugle, le Camaril est commencé en 1712. En 1718, le sculpteur Josep Sunyer*et en 1730-34, le maître doreur Feliu Escriba**, réalisent le décor intérieur.

Deux escaliers en marbre et deux portes parallèles y donnent accès.

Le camaril abrite quatre anges ailés grandeur nature, jouant d’instruments à cordes et à vent. Les anges aux ailes dorées et aux couleurs polychromes sont de très belle facture.  On notera la grâce dans l’expression de leurs visages et leurs mouvements.

On y trouve aussi deux médaillons représentant La Présentation de Marie au Temple et La Fuite en Égypte ainsi qu’un autel dédié au Christ en croix qui fait face aux statues de la Vierge et de Saint Jean l’Evangéliste, placées en 1729.

L’artiste a utilisé la technique catalane de l’estofado pour mettre en valeur et faire ressortir la finesse de leurs vêtements. Cette technique consiste à dorer la sculpture en bois, puis à appliquer la peinture et à la gratter pour faire ressortir la dorure et ainsi souligner la finesse des dentelles.

En 2019-2020, le chantier de restauration placé sous l’égide de l’Association des Amis de la Chapelle de l’Ermitage a permis de redonner tout son éclat à ce chef d’œuvre du baroque catalan.

*Josep Sunyer i Raurell est né en 1673 à Manresa, capitale de la comarca du Bages et de la Catalogne centrale, située à quelque soixante kilomètres au nord-ouest de Barcelone. Son jeune fils, Pere Sunyer, décédé le 29 septembre 1704, est enterré dans la chapelle.

** Feliu Escriba, né en 1681 à Perpignan, faisait partie de la confrérie San Lluc.

Chapelle de l’Ermitage de Font-Romeu, camaril, détail : ange musicien. Creative Commons

Le retable du maître-autel

Autre joyau de la chapelle, le retable a été sculpté entre 1704 et 1707 par Joseph Sunyer, puis doré et polychromé par Félix Escriba. Triptyque de style baroque à la gloire de Notre Dame, il illustre les principaux épisodes de sa vie : l’Annonciation à Marie par l’Ange Gabriel, l’Adoration des Bergers et des Rois Mages et la Visitation de Marie à sa cousine Marie-Madeleine. Y figurent de magnifiques angelots (putti) jouant du violon et de la trompette et des statues de saints notamment Saint Martin).

Le retable possède aussi de magnifiques prédelles illustrant la Légende de l’Invention de Notre-Dame de Font-Romeu : au centre, le taureau agenouillé devant la statue près de la source où se tient un berger. A gauche, l’annonce de la découverte par le berger à la communauté d’Odeillo et à droite, la procession des habitants d’Odeillo vers le lieu de la découverte miraculeuse.

Les Ex-Voto

Récemment restaurés, ce sont de touchants exemples de la ferveur catholique et du culte rendu à la Vierge de Font-Romeu sous la forme de peintures sur bois, travaux d’aiguille et béquilles.

41 ex-voto sont classés au Monuments Historiques au titre d’objets.

 

Ex-voto, chapelle de l’Ermitage. Creative Commons

A l’extérieur de la chapelle, on notera la piscine où les malades s’immergeaient dans l’espoir d’être guéris de leurs maux.

Les bâtiments annexes ont été bâtis au fil du temps pour accueillir les pèlerins.

Inscription Monuments Historiques

Façades et toitures des bâtiments de l’ermitage ; chapelle avec le décor du camaril et le retable du maître-autel  : inscription par arrêté du 18 janvier 1999

Informations utiles :

  • Hors les cérémonies religieuses et la période estivale – période pendant laquelle la chapelle est ouverte tous les jours – l’accès est possible sur demande à l’Office du Tourisme de Font-Romeu (tél. 04.68.30.68.30).
  • Pendant la saison d’été, chaque mardi soir, la chapelle de l’Ermitage  accueille une série de beaux concerts musicaux. Vente des tickets à l’Office du Tourisme.

L’Aplec (ou fête de la Vierge) du 8 septembre

Tous les ans, le 8 septembre, a lieu l’Aplec de l’Ermitage, où les pèlerins venus de toute la région se réunissent en foule pour rendre hommage à « Notre Dame de Font-Romeu » et assister à la messe célébrée par l’évêque de Perpignan, puis à la descente (ou Despedida) de la statue de la Vierge à l’église Saint Martin d’Odeillo, où elle demeurera jusqu’au dimanche de la Trinité, date à laquelle elle sera reconduite en procession (ou Pujar) à la chapelle de l’Ermitage.

L’Aplec de l’Ermitage est également l’occasion d’entendre (et d’entonner) des goigs (ou chant populaire en l’honneur de la Vierge ou des saints).

Aplec du 8 septembre dans les années 60