Août 1919 : Font-Romeu dans le Chicago Tribune

Comme en témoigne un élogieux article publié dans l’édition parisienne du quotidien américain The Chicago Tribune, le 4 août 1919, le séjour d’été à Font-Romeu est très tôt prisé d’une clientèle anglophone et, en particulier, de la communauté des touristes ou résidents américains à Paris.

Il est intéressant de remarquer que Font-Romeu est désignée comme l’une des plus belles « ville d’eaux » d’Europe de l’ouest, ce qui souligne que son essor répond au double objectif, médical et récréatif, d’une clientèle qui cherche à  changer d’air, se détendre et s’amuser.

A l’instar de bien d’autres stations thermales en France, Font-Romeu est, par ailleurs, une « ville d’eaux » sans ville à proprement parler :

De la Belle Époque à l’entre-deux-guerres, les stations thermales françaises sont en grande majorité des communes de taille réduite. Mais elles ont comme caractéristiques d’accueillir une population saisonnière nécessitant des équipements importants, notamment de loisirs, lesquels équipement peuvent sembler disproportionnés au regard de la population permanente.

Carribon, Carole. « Villes d’eaux, villes de loisirs. L’exemple des stations thermales françaises de la fin du XIXe siècle aux années trente », Histoire urbaine, vol. 41, no. 3, 2014, pp. 83.

L’article du Chicago Tribune s’adresse aux « businessmen » américains harassés de travail et nerveusement épuisés, preuve de la reprise du tourisme transatlantique dans notre pays et ce, alors même que la plupart des troupes du corps expéditionnaire américain envoyées en France  n’a pas été encore rapatriée aux Etats-Unis :

Il n’existe pas en France de havre plus pittoresque pour les amateurs du « retour à la nature » que Font-Romeu. Situé au centre de la région accidentée des Pyrénées appelée « Cerdagne française », ce lieu magnifique  possède un charme et un pouvoir de fascination qui en font rapidement l’une des stations les plus prisées d’Europe occidentale.

Son climat est un tonique qui ravive le regard  fatigué du citadin surmené. Ses forêts, ses vallées et ses lacs composent  un décor splendide qui ne manque pas de stimuler l’imagination et d’apaiser l’âme.

Située à 6 000 pieds d’altitude et à l’abri des vents froids du nord, Font-Romeu offre tous les avantages de l’Engadine sans les inconvénients du brouillard et de la pluie . L’air clair et rafraîchissant est une panacée pour presque tous les maux.

Chicago Tribune, 4/8/19

Il est quelque peu plaisant de constater que la comparaison avec l’Engadine, en Suisse, berceau de St. Moritz et réputée pour ses heures d’ensoleillement, est à la faveur de Font-Romeu.

La station est un point de départ privilégié pour les excursions dans la partie orientale des Pyrénées. De Font-Romeu s’élancent des groupes de cavaliers, de conducteurs et d’automobilistes pour explorer toute la Cerdagne. Les touristes sont ravis de faire l’ascension des sommets des Pyrénées méridionales, du Cambre d’Aze, du Puigmal et de se promener dans les belles vallées qui leur servent de décor. Celles-ci sont ponctuées par un chapelet de lacs charmants dont on ne trouve pas l’équivalent dans toute la France. Les Bouillouses, la Pradeille, le Lac Long-Lac Noir et le Lac du Racou ont séduit les milliers de visiteurs qui s’y sont rendus pour une saison ou un bref séjour en quête de tranquillité et pour changer d’air. Le lac Lanoux, serti dans un magnifique écrin de forêt, est un lieu tout à fait unique. En poussant vers l’ouest, on admirera le « Chaos de Targasonne » et, plus loin, Puygcerda, dans la Cerdagne espagnole.

Après avoir vanté le confort et l’élégance du Grand Hôtel, l’auteur de cet article détaille les activités pratiquées par les estivants :

Les sports favoris de Font-Romeu sont la pêche et la chasse. Les groupes partent tôt le matin avec un fusil ou une canne à pêche et passent toute la journée dans les collines et les vallées. Les nombreux petits cours d’eau (émissaires) des lacs argentés de la commune offrent un paradis au pêcheur heureux. Les bois regorgent de gibier et le chasseur y trouve un sport des plus passionnants. Le canotage* est un autre passe-temps agréable.

*sur le lac des Bouillouses

Et de conclure :

Si vous voulez vous délasser des soucis des affaires et de l’ennui du quotidien, rendez-vous à Font-Romeu. Les Pyrénées vous revigoreront et vous éclairciront les idées. Une semaine, c’est bien, deux semaines, c’est mieux, et si vous y restez aussi longtemps, vous ne voudrez plus en partir.

Parue une dizaine d’années plus tard, dans L’Atlantique, journal quotidien des Paquebots de la Compagnie générale transatlantique, cette autre publicité montre que le charme de la station opère toujours sur la clientèle américaine. Cependant, cette fois-ci, ce sont les plaisirs des sports d’hiver qui sont mis en avant.  Il est vrai que depuis 1921, la saison d’hiver bat son plein.

L’Atlantique, 22/10/30

Voir dans ce blog les articles dédiées au centenaire des sports d’hiver dans la station : ici.

2 réflexions sur « Août 1919 : Font-Romeu dans le Chicago Tribune »

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